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La vague de levées de fonds génère de l’hypercroissance

L’enquête Fintech 100 fait apparaître le paiement comme la première activité des acteurs français (à 23%) et nous l’observons aussi en tant qu’investisseur dans le dealflow. Il bénéficie d’un foisonnement d’innovations.

Le chiffre d’affaires cumulé des 100 premiers acteurs français de la fintech a bondi de près de 80% en 2022 à 1,9 milliard d’euros. Comment analysez-vous cette accélération de leur développement ?

La vague de levées de fonds des acteurs de la fintech au cours des dernières années se traduit désormais dans la réalité opérationnelle. La croissance du secteur est exceptionnelle. Elle est par exemple bien plus forte que celle des éditeurs de logiciels, dont il représente 1/6ème du chiffre d’affaires en 2022 (1,9 milliard versus 12 milliards) contre 1/10ème en 2021. À terme, nous estimons que les tailles de marchés vont converger. De même, alors que le poids des fintechs dans le secteur financier était de 2% en 2015, on estime qu’il passera à 10% en 2025, puis à plus de 25% après 2030. Cette industrie devient mainstream. En conséquence, les acteurs du secteur changent de dimension et leurs besoins de financement en capital sont bien plus élevés. Nous avons basculé d’un univers de start-ups à un univers de scale-ups.

Cette bascule se produit à un moment de moindre disponibilité des financements. Comment ces entreprises doivent-elles s’adapter ?

Nous entrons effectivement dans une période d’ajustement. C’est la fin d’une abondance exagérée d’offre de capitaux. Les business models des fintechs doivent désormais davantage être fondés sur le ROI plutôt que sur la croissance effrénée. Les performances opérationnelles vont prendre plus d’importance. Les dépenses feront l’objet d’une plus grande attention car elles seront plus difficiles à financer. Néanmoins, l’investissement intensif en R&D doit se poursuivre car la fintech, qui a toute sa place dans le capital risque, c’est d’abord de la tech ! Les profils « tech » sont d’ailleurs majoritaires parmi les collaborateurs et près de 40% des entreprises du secteur affichent un budget de R&D supérieur au tiers de leur chiffre d’affaires, soit le double du niveau observé dans le secteur des logiciels. L’enjeu pour ces entreprises est de développer une technologie propriétaire pointue, capable de créer de la valeur en érigeant une barrière à l’entrée, voire en disruptant certains business models.

Quels sont les segments de ce secteur qui connaissent les plus fortes dynamiques et ceux que l’on voit émerger ?

L’enquête Fintech 100 fait apparaître le paiement comme la première activité des acteurs français (à 23%) et nous l’observons aussi en tant qu’investisseur dans le dealflow. Il bénéficie d’un foisonnement d’innovations. L’assurtech, deuxième dans notre enquête, prend de l’ampleur grâce à un volume d’affaires en constante progression, mais le dealflow ne progresse pas pour autant. Les services financiers aux entreprises (en troisième position) représentent un pilier du secteur. Ces services, inaccessibles auparavant car trop coûteux en ressources humaines, s’adressent spécifiquement aux petites entreprises et sont très automatisés pour être plus rentables, comme la direction financière externalisée. Nous devrions d’ailleurs assister à une montée en puissance de la regtech et du process automation, l’automatisation des processus de contrôle. Plus généralement, nous anticipons un développement de l’intelligence artificielle et du machine learning, qui devraient irriguer l’ensemble du secteur pour de nombreuses applications.

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