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Les Echos.fr : Diaccurate ouvre une nouvelle voie thérapeutique pour le VIH

Diaccurate ouvre une nouvelle voie thérapeutique pour le VIH

Mardi, la biotech parisienne Diaccurate et ses six partenaires ont publié dans le prestigieux Journal of Clinical Investigations les résultats d'une étude qui lève enfin le voile sur le mécanisme d'action complexe du VIH sur le système immunitaire des patients. Aussi majeure soit-elle, cette découverte n'aboutira pas dans un futur proche à une nouvelle thérapie efficace, vu la complexité et le coût des études cliniques.

Par Chantal Houzelle Publié le 4 mars 2020 à 12h30

Une découverte scientifique majeure révèle enfin le mystérieux mécanisme d'action du VIH sur le système immunitaire. C'est le résultat d'une étude préclinique menée par l'équipe de Diaccurate, publiée mardi dans le prestigieux Journal of Clinical Investigations. Si la biotech parisienne l'a financée, seule, entre 7 et 8 millions d'euros sur six ans, elle a bénéficié des expertises ponctuelles de partenaires renommés. A commencer par l'Institut Pasteur, qui lui a cédé une licence exclusive et mondiale sur son brevet originel, mais aussi le CNRS, l'Inserm, les universités de Madrid et de Séville, ainsi que le Scripps Research Institute.

En quoi est-ce une première mondiale ? « Ce n'est pas le VIH qui tue les malades mais le fait que leur système immunitaire devient immunodéficient, donc ils meurent d'une infection ou d'un cancer », rappelle le professeur Jacques Thèze, cofondateur et directeur général de Diaccurate. Jusqu'à ce jour, la cause restait inexpliquée.

Pas de faux espoirs

En revanche, le rôle de chef d'orchestre des lymphocytes T CD4 + - globules blancs - sur le système immunitaire est démontré de longue date. « Il nous a fallu 35 ans pour élucider le mécanisme vicieux du VIH. Alors que très peu de ces cellules - 1 sur 1.000 - sont infectées par le virus, elles sont toutes paralysées, donc ne marchent plus », explique-t-il. La raison ? « Un petit fragment du virus se met à la surface des lymphocytes CD4 qui deviennent vulnérables à une enzyme digestive (PLA2G1B), puis meurent et disparaissent ». Or, l'anticorps monoclonal Plazumab développé par Diaccurate pourrait être capable de neutraliser l'enzyme incriminée.

Pas de faux espoirs.Cette découverte, potentiellement exploitable en cancérologie, n'aboutira pas dans un futur proche à une thérapie anti-VIH efficace vu la complexité et le coût des études cliniques. « Nous discutons avec des partenaires pharmaceutiques », précise Jacques Thèze. « Il est donc probable que la première étude sera d'abord lancée, d'ici à 18 mois, dans le cancer du pancréas », projette Philippe Pouletty, cofondateur et président de Diaccurate, qui est aussi directeur général de Truffle Capital . Il a injecté 9 millions dans la société depuis 2014.